Andre Missant en 1944017

Derrière cette interrogation, il y a un pari. Celui de l'auteur de ces lignes, pouvant se traduire, ou mieux, se concrétiser, dès aujourd'hui, puis en 2008 et, enfin, pour la postérité.

Il s'agit de faire reconnaitre internationalement, et enfin, l'œuvre d'un artiste que l'on peut considérer comme un des grands peintres français contemporains.

Tout à commencé certainement très tôt et, dès que MISSANT, né en 1908 à CROIX a tenu un crayon entre ses mains.

La preuve en est cet autoportrait réalisé à l'âge de 17 ans, après à peine six mois de Beaux-arts.

Ce classicisme bien normal de ses débuts fera très rapidement place, dans les années qui suivent, à une expression très personnelle et très forte à travers le sculpteur et le statuaire que voulait devenir le jeune artiste.

Le sort devait en décider autrement. Ayant entreposé ses premières ébauches chez un de ses frères pour les mettre à l'abri durant la seconde guerre mondiale, celle-ci seront toutes détruites lors d'un bombardement.

Il en subsiste seulement, mais fort heureusement, quelques épreuves photographiques conservées scrupuleusement par son épouse Lucie et qui sont parvenues jusqu'à nous.

En témoigne cette délicieuse "Jeune fille et son chien" parmi quelques images alliant son amour de l'art antique et des scènes religieuses qui le poursuivront sa vie durant, telles une "Piéta", une "Fuite en Egypte", "la mort de Saint Sébastien"...

A son retour de captivité, il va entamer, entre autres travaux sur lesquels nous reviendrons, une carrière de portraitiste, art dans lequel il excellait également. Se sera une production abondante, toujours de grande qualité, quelle qu'en fut la technique, crayon, sanguine, craie d'art, fusain, peinture...

Mais nombre de ses portraits lui font retrouver sa manière de sculpteur, avec son toucher inimitable de la pleine pâte. C'était aussi, selon son épouse, une façon de faire face à la concurrence de la photographie en couleurs qui se développait après la guerre.

Parallèlement, il se met à retrouver les techniques utilisées par les artistes de la Renaissance auxquels il voulait un véritable culte.

C'est l'utilisation de la pointe d'argent sur un support cartonné recouvert d'un enduit qu'il réalise lui-même. Ici pas de "repentir" possible comme disent les spécialistes; le trait, une fois tracé, est ineffaçable, mais sa science consommée du dessin se jouera toujours de cette difficulté.

Une autre technique, tout aussi difficile, c'est le dessin à l'aiguille, par calque d'un papier huillé et recouvert de poudre de sanguine. Il restitue ainsi les hachures célébres de Michel Ange, Raphaël, Léonard de Vinci, avec liberté et bonheur. Il utilisera également le papier tâché, faisant apparaître des personnages imaginaires, des scènes de genre, tout en l'utilisant aussi pour portraiturer ses semblables. Dans certains paysages de pleine pâte, il y frotte de la craie d'art pour donner encore plus de relief à l'image.

Toujours en recherche, cela ne l'empêche pas de produire des natures mortes pleines de reliefs ou de dimensions imposantes et dans des combinaisons très construites, de charmantes scènes galantes, comme celles de fêtes paysannes ou d'un Carnaval à Venise.

Ce serait donc faire injure à sa réputation que de n'en retenir qu'une oeuvre religieuse, certes très importante, mais non pas essentielle. Dépositions, Crucifixions, Christs paisibles ou au visage tuméfié, mais aussi la douceur d'une Vierge Marie au visage souvent emprunté à son épouse, en font toutefois une des parties majeures d'une œuvre multiforme. Il suffira de signaler, à cet égard, cette "Descente de Croix" de 5m x 3m, occupant une immense, mais en même temps modeste place au fond de l'église Saint Martin à Roubaix.

L'abstraction ne le laissera pas du tout indifférent, mais loin des expressions instinctives au conceptuelles d'aujourd'hui, il y voyait la possibilité de partager, au-delà des mots, une fête de la couleur que constituent, par exemple, de nombreuses pochades aux coloris en dorme de feux d'artifice ou encore ces espaces traversés de vagues colorées aux tonalités chatoyantes.

Ces quelques lignes ne sont qu'une bien modeste amorce d'une reconnaissance par certains et d'une découverte pour beaucoup d'autres.

2008 ne doit pas seulement être l'année du Centenaire de la naissance du grand peintre, mais surtout l'annonce d'une acceptation définitive d'un immense talent.



Florent VANREMORTERE

(neveu du Peintre)